L’origine de la faïence à Varages ?
Le mérite en revient à Maître Gaspard FAZENDE, Marchand du lieu de Marseille. Ce papetier avait abandonné à ses frères le soin de conduire les moulins et s’était établi à Marseille comme marchand. Avec ses bourriques, de Marseille, il montait des balles de chiffons ; le plomb et l’étain aussi, nécessaire à l’industrie naissante des Clérissy.
De Moustiers, il descendait le papier et les premières faïences. Varages se trouvait sur son chemin. Il y faisait escale. Le 8 mai 1676, c’était pour épouser une demoiselle Armand dont la dot, si ce n’est le minois, lui avait paru avantageuse. Maître Fazende avait l’esprit de famille. C’était dans les mœurs du temps. Ce qui explique qu’en 1690, enfourchant une mule de l’oncle Gaspard, le jeune Etienne Armand partait à Marseille pour entrer en apprentissage à la faïencerie de Saint Jean du Désert (quartier de Marseille) chez François VIRY faïencier, pour apprendre le métier après contrat signé chez Me FABRON, notaire à Marseille le 31 juillet 1690.
En 1695, il est de retour à Varages, c’est alors que Gaspard FAZENDE lui mit le marché suivant en main : '' Etienne louera à Jeanne FLORENS, la veuve du potier André FERRAT, une partie de maison, four et boutique qu’elle possède quartier du Pont. L’acte est signé le 24 mars 1695 La faïencerie est encore à mettre sur pied. Mais FAZENDE y pourvoira. Il financera l’outillage et les matières premières. Etienne de son coté s’engage à lui céder toute sa production à un prix déterminé; en même temps il reconnaît n’être dans l’affaire que le prête-nom de son oncle ''.
Deux magnifiques plats datés et signés au dos nous sont parvenus de cette époque
Le premier plat : daté de1697 Plat rond diam. 52 cm décor '' Les Quatre Saisons '' Décoration très fine dans les moindres détails Décor au grand feu en camaïeu de bleu cerné de manganèse sur fond blanc. Quatre petits sujets figurant les saisons en décorent le milieu. Deux sont debout, le Printemps sous les traits d’une jeune muse dont le vent du matin fait flotter la ceinture. L’été en guerrier du Grand Siècle, cuirassé, empanaché, vrai costume de féerie, pompeux et magnifique. Au-dessous voici l’automne, un chasseur au repos, assis sur un rocher parmi les verdures. Près de lui une paysanne en costume champêtre, filant la quenouille, représente l’hiver. L’aile plutôt large est divisée en quatre baies encadrant chacune un personnage en costume troubadour, perruque, haut de chausse, long gilet fleuri, circulant dans un paysage de convention. L’entre-deux est décoré de ce même ornement en feuilles d’acanthes contournées, accolées de volutes, le feuillé de ces arbustes aux frondaisons très particulières s’échappant du cadre. Un bel ornement d’inspiration orientale dissimule le marli.
Le second plat : daté de 1698 Plat rond diam. 50 cm décor '' Hercule étouffant Antée '' Décor au grand feu en camaïeu de bleu cerné de manganèse sur fond blanc. Ce décor montre Hercule étouffant le géant Antée en l’enlevant dans ses bras. Casque en tête, couvert de la peau du lion de Némée, le fils de Jupiter soulevant le géant dans un suprême effort. Ecroulée au pied d’un arbre, une mégère décrépite aux horribles mamelles, au masque d’homme, barré d’une forte moustache, symbolise la terre que le monstre abandonne, perdant ainsi toute sa force. Copié d’une gravure d’Alde GRAEVER. Un ornement de feuilles d’acanthes contournées, de superbe allure, alternant avec un enroulement de volutes, court en poste le long de l’aile cerclé lui-même de menus filets ; une ligne de fins godrons décore la fente.